Le confinement est arrivé plus vite que je n’aurais pu l’imaginer. J’ai dû quitter du jour au lendemain une vie pleine
de découvertes qui a laissé place à un tout nouveau quotidien, m’enfermant et m’enlevant mes libertés. Les
interdits se sont enchaînés, la solitude est vite arrivée, suivie de très près par l’ennui…
Autrefois maître de ma vie, je tournais désormais comme une lionne en cage. On m’a dit qu’il fallait s’adapter,
s’occuper. Mais que faire lorsqu’on est enfermé ? Je me suis alors mise devant cette fenêtre fermée, un jour, puis
un autre, et enfin tous les jours. Je ne pouvais plus me passer de ce qui m’empêchait d’accéder au dehors.
Ainsi, je me suis mise à observer et à rêver. J’ai pris le temps de contempler la nature, faisant attention à chaque
détail.
Depuis mon intérieur, je me suis aperçue que tout s’arrêtait, mais la nature restait indifférente à tout cela, elle
continuait son chemin, même sans moi. Les oiseaux commençaient à chanter, les arbres bourgeonnaient, le
printemps arrivait, alors que j’étais emprisonnée dans ce nouveau quotidien sans aucune issue.
Je me suis mise à penser à tous ces moments heureux, ces moments tristes, ces moments partagés ou ces
moments drôles qui n’existaient plus.
Et alors que toutes ces pensées se bousculaient dans ma tête, devant ma fenêtre, je t’ai vue, Zoé. Je me souviens
encore de la date, c’était le mercredi 6 mai, aux alentours de 19h15. Tu m’attendais, derrière le grillage qui nous
séparait. Alors je t’ai rejointe. Et ce jour-là, malgré les interdits, nous nous sommes réunies quelques minutes, de
part et d’autre de ce «mur», pour parler d’une question qui nous obsédait : Quand cet enfermement allait-il se
terminer et quand retrouverions-nous nos libertés ?
Aujourd’hui, nous sortons enfin de nos cellules, et nous nous rappelons de cette parenthèse, toi et moi, séparées
par la grille, un moment unique que jamais nous n’oublierons.
